Le XIXe siècle

Homme résolument de son temps, Adrien Dubouché a notablement enrichi la collection de céramiques de son époque, dotant ainsi le musée d’un fonds exceptionnel de céramiques du XIXe siècle. Cette collection est désormais présentée dans les anciennes salles de cours de l’École nationale des Arts décoratifs où le parti-pris muséographique a été de créer une sorte de labyrinthe dans lequel le visiteur serait cerné de céramiques. Pour déployer cette collection, Zette Cazalas, la muséographe, a dessiné des vitrines d’une grande sobriété dont le dessin fait écho au caractère industriel du lieu tout en s’inspirant des vitrines historiques du musée. En observant les pièces de la collection et la polychromie du musée initial, elle a introduit des couleurs très affirmées dans les vitrines et au plafond. Les vitrines présentent deux faces. La première est organisée autour des grands courants esthétiques du XIXe siècle (néo-classicisme, historicisme, orientalisme, éclectisme, japonisme). Ainsi se trouve présentée une collection sans équivalent de céramiques dites “impressionnistes”, domaine où le musée se distingua précocement. Au verso des vitrines, des “galeries d’étude” mettent en valeur la richesse de la production européenne grâce à une présentation “à touche-touche” des œuvres.

Afin d’établir un lien avec les galeries historiques du rez-de-chaussée, le parcours débute autour du néo-classicisme. Les pièces monumentales de la manufacture Nast, véritables tours de force, révèlent les progrès scientifiques et techniques qui peuvent servir de fil rouge à la visite. Suivent des œuvres reflétant l’extrême variété de la création céramique au XIXe siècle : porcelaine du Berry, céramiques de l’atelier d’Auteuil, faïences artistiques de Théodore Deck, jewel porcelain, porcelaines réticulées de Chine, de Sèvres, de Worcester… Nombre des œuvres qui constituent le cœur de cette collection furent acquises lors des Expositions universelles : elles reflètent les rivalités industrielles qui animaient les nations européennes et entraînèrent une émulation artistique entre les grands centres de céramique. À cet égard, une remarquable collection de porcelaine de Sèvres rappelle la politique de dépôt pratiquée par la manufacture dans les centres à la vocation céramique affirmée comme Limoges.

Consacrée à la céramique de la fin du XIXe siècle à nos jours, les salles suivantes ont elles aussi conservé leur cachet historique : les parquets anciens et les poutrelles métalliques de ces espaces ont été restaurés afin de rappeler la vocation initiale des lieux. Les œuvres Art nouveau – notamment celles réalisées à Sèvres sous la direction d’Alexandre Sandier – sont donc contemporaines du cadre dans lequel elles sont désormais exposées. Une fois encore, le caractère international de la collection résulte d’une politique d’acquisition volontariste : dès 1897, le musée se procura ainsi de nombreuses porcelaines à décor de grand feu auprès du dépôt parisien de la manufacture Royal Copenhagen. Des contacts furent également établis avec Tiffany à New-York par l’intermédiaire du marchand d’art Siegfried Bing.