La galerie historique (Antiquité au XVIIIe siècle)

La visite se poursuit dans les salles majestueuses du musée historique. Les vitrines d’origine, dessinées par l’architecte Henri Mayeux et classées Monuments historiques, présentent les principales étapes de l’histoire de la céramique jusqu’au XVIIIe siècle. Dédiée à l’histoire du musée de sa fondation aux acquisitions les plus récentes, la première salle introduit le parcours chronologique. La vocation initiale du musée éclaire la présence d’un fonds d’archéologie locale. Sa vocation encyclopédique se renforça au cours du temps : comme nombre de musées de province, le musée reçut de nombreuses pièces ethnographiques rapportées par des voyageurs et des diplomates (terres cuites précolombiennes, objets kabyles, vases du Caucase…), ainsi que des terres cuites antiques et des majoliques issues de la collection du marquis Campana.

En raison de l’influence qu’elle exerça sur les manufactures européennes de faïence et de porcelaine, la porcelaine de Chine a été placée au cœur de la galerie historique. Adrien Dubouché lui-même estimait que la céramique orientale devait occuper une place majeure : l’acquisition par ses soins des collections d’Albert Jacquemart (1875) et de Paul Gasnault (1881) donna un éclat particulier au musée de Limoges. Dans ces salles historiques sont tissés des liens entre les civilisations : les porcelaines Ming sont exposées en face des céramiques d’Iznik pour rappeler combien les sultans ottomans appréciaient les porcelaines orientales, et à proximité des faïences de Delft, qui imitèrent elles-mêmes avec talent des modèles chinois. De même, des pièces kakiemon sont placées à proximité des porcelaines tendres de la manufacture de Chantilly fondée par le prince de Condé, grand amateur de porcelaine japonaise. Le réaménagement de ces vitrines rend ainsi sensibles les liens entre l’Orient et le continent européen depuis le Moyen Âge.

Pour rendre hommage aux donateurs, les vitrines entourant la sculpture en bronze d’Adrien Dubouché qui marquait l’entrée initiale du musée ont été consacrées à des collections déployées dans toute leur richesse. Y sont notamment exposés des biscuits en porcelaine dure de la manufacture Locré.

La seconde partie de la galerie historique rassemble les faïences et porcelaines des XVIIe et XVIIIe siècles. Grâce à la collection de Paul Gasnault, le musée possède un fonds important de porcelaines tendres (Saint-Cloud, Chantilly, Mennecy, Vincennes-Sèvres) qui s’est enrichi au cours du temps. L’histoire de la porcelaine dure est aussi largement illustrée, des premières porcelaines de Meissen à celles des manufactures créées en Europe au XVIIIe siècle. Le redéploiement des collections permet désormais de replacer les manufactures de Limoges (la faïencerie Massié, créée en 1736, puis la manufacture dite du compte d’Artois, fondée en 1771) dans le contexte plus général de la production française et européenne du XVIIIe siècle.