La céramique

La poterie

La poterie est constituée d’une simple argile façonnée et cuite à environ 600-800°. Sa cuisson à basse température en fait une matière poreuse. C’est vraisemblablement l’artisanat le plus anciennement pratiqué par l’homme. C’est aussi une technique qui fut utilisée tout au long des siècles jusqu’à nos jours. Au Moyen Âge en Europe, les pièces étaient le plus souvent recouvertes d’un engobe à base de plomb, afin de leur procurer une certaine imperméabilité. Les plus anciens objets du musée remontent au XIIe siècle avant J.-C. Les collections s’étendent jusqu’au XIXe siècle. Le musée possède également de très intéressants exemples de poteries non européennes, notamment d’Amérique du Sud et d’Afrique du nord.

La faïence

La faïence fait partie avec la poterie, le grès et la porcelaine, des quatre grandes familles de la céramique. C’est une argile façonnée puis plongée dans un bain d’émail à base d’étain, appelé émail stannifère. Ce revêtement assure aux objets une meilleure imperméabilité. Par ailleurs, l’étain, en cuisant, donne à l’émail une couleur blanche sur laquelle les artistes peuvent réaliser des décors variés. L’émail stannifère opaque fut découvert en Mésopotamie vers le IXe siècle après J.-C. Via l’Afrique du nord, cette technique fût véhiculée par les musulmans jusqu’en Espagne, où l’on produisit des faïences dès les XIe et XIIe siècles. De l’Espagne, cette technique passa en France (par le biais des pavements) et surtout en Italie, où les princes de la Renaissance italienne rivalisèrent entre eux pour avoir la plus belle fabrique de majolique. Le mot faïence trouve son origine dans le nom de la ville italienne de Faenza. L’influence italienne fut très importante tout au long du XVIe siècle par le biais des échanges artistiques, eux-mêmes favorisés par les échanges commerciaux. La technique de la faïence se répandit ainsi dans toute l’Europe. Le XVIIe siècle vit l’émergence du rôle de Delft en Hollande, elle-même héritière de l’Italie. Les siècles suivants marquent l’épanouissement des manufactures de faïences en France. Les grandes étapes de l’histoire de la faïence sont très bien illustrées par les collections du musée.

Le grès

Le grès est une céramique constituée d’une terre argileuse à forte teneur de silice appelée “argile grésante”, qui supporte une température de cuisson de 1250° environ. La terre arrive alors au point limite de la vitrification. Le grès reste donc opaque mais la chaleur intense lui donne une texture très serrée qui le rend imperméable. Il est le plus souvent de couleur grise ou marron. Cette technique fut mise au point en Chine. En Europe, il semble que les débuts du grès remontent à la fin de l’époque médiévale, en Allemagne. Les décors étaient le plus souvent réalisés au bleu de cobalt, seul oxyde qui supporte sans difficulté les hautes températures. On pouvait le couvrir d’un vernis à base de sel qui dote les surfaces d’un mince enduit luisant. Au XVIIe siècle, le développement de la faïence et de la porcelaine concourut à un abandon relatif du grès qui connut cependant un regain de faveur à partir du XIXe siècle. La collection comprend des grès chinois, ainsi que des grès allemands et français de la Renaissance. Elle s’épanouit avec une remarquable démonstration du travail des artistes de la fin du XIXe siècle qui, à la suite de Jules Ziegler au milieu du XIXe siècle, utilisèrent le grès comme un moyen d’expression privilégié jusqu’au XXe siècle.

La porcelaine : composition et apparition

La porcelaine est une pâte composée d’un mélange de kaolin (50%), de feldspath (25%) et de quartz (25%). Le kaolin est une espèce d’argile qui doit sa finesse à la dégénérescence du feldspath, et dont la particularité est de rester blanche après la cuisson. Supportant une température allant jusqu’à 1400°, cette matière arrive à l’étape de la vitrification, ce qui lui procure la translucidité qui est la seconde particularité remarquable de la porcelaine, après sa blancheur. Connu en Chine dès le début de l’ère chrétienne, probablement à l’époque Tang (618-907), le kaolin ne fut découvert en Europe qu’au début du XVIIIe siècle siècle en Allemagne. La porcelaine chinoise devint à partir de la Renaissance et de la découverte des routes maritimes un point de référence pour les céramistes européens qui n’ont eu de cesse de l’imiter. En l’absence de ce matériau, ils élaborèrent une matière en apparence similaire, la porcelaine tendre (un mélange de différentes argiles, mais qui ne contient pas de kaolin). Le musée possède de remarquables pièces en porcelaine dure et tendre (monochromes, céladon ou encore “bleu et blanc” de Chine, porcelaines tendres de Sèvres, premières porcelaines dures européennes : Meissen, Saxe, France) qui permettent de retracer les grandes étapes de l’histoire mondiale de cette céramique si appréciée.